samedi 30 juillet 2011

Ce sera long mais on connaitra la vérité !

Le fils de l'un des cinq marins, disparus dans le naufrage du chalutier breton en 2004, réclame la mise en examen du commandant du sous-marin le Turbulent. Le gradé aurait confié à un témoin avoir accroché le Bugaled-Breizh.

Sept ans après le naufrage du Bugaled-Breizh , les familles des cinq marins disparus tiennent enfin peut-être un responsable. Le fils de l'une des victimes dispose d'un témoin, qui incrimine le commandant du sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) britannique Turbulent. S'appuyant sur cet informateur et sur plusieurs documents déclassifiés, Thierry Lemétayer a réclamé vendredi la mise en examen pour homicide involontaire d'Andrew Coles, lors d'une audition par un juge d'instruction nantais en charge de l'affaire.
Thierry Lemétayer, dont le père mécanicien a péri dans le naufrage du 15 janvier 2004 au large du cap Lizard (sud-ouest de l'Angleterre), a reçu les confidences d'un informateur français. Ce témoin a rencontré récemment le commandant Coles. Le gradé lui aurait affirmé que le Turbulent en plongée aurait accroché la fune du Bugaled-Breizh et l'aurait entraîné au fond à vive allure. Les aveux du commandant seraient survenus après l'échouage sur une plage d'Ecosse en octobre 2010 d'un autre sous-marin nucléaire d'attaque L'Astute, sous son commandement. L'homme de 47 ans a évité de peu la cour martiale, mais a été jugé responsable de l'accident et est depuis confiné à des tâches de bureau jusqu'à sa retraite.

Un commandant surnommé le « lourdeau »

Lors de son interrogatoire par la justice en 2006, Andrew Coles a affirmé que le Turbulent était resté à quai à Devenport, port militaire de Plymouth, du 14 novembre 2003 jusqu'au lendemain du naufrage, le 16 janvier 2004. Toutefois plusieurs documents déclassifiés suggèrent au contraire que le sous-marin était en mer, au moment du drame, accréditant la thèse d'un accrochage du Bugaled-Breizh. Une communication de l'Otan note que le Turbulent devait naviguer à nouveau dès le 12 janvier. Le Turbulent était notamment chargé, selon un site maritime spécialisé, d'infiltrer secrètement un exercice naval. Autre détail troublant, le magazine Le Marin a révélé fin décembre que le sous-marin français le Rubis avait reçu un message d'avarie de la part du Turbulent le 15 janvier, jour du drame.
«Ses pairs surnomment Andrew Coles «Stumpy» (NDLR «le lourdeau»), ce qui n'est pas une marque de respect pour ses compétences...», a confié Thierry Lemétayer au Télégramme. Ce dernier ne désespère pas de convaincre son informateur de sortir de son anonymat et de lui faire rencontrer le juge en charge du dossier. Même si son initiative a peu de chance d'aboutir, Thierry Lemétayer a aussi lancé un appel aux 80 à 100 personnes en poste sur le Turbulent au moment des faits. Il met également en cause «les marines française et britannique, ainsi que l'ex ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie qui ont menti par action et par omission».
Le Bugaled-Breizh a été retrouvé par environ 80 mètres de fond avec, déroulés côté bâbord, 140 mètres de câbles supplémentaires. Les familles et les professionnels de la pêche ont rapidement évoqué la piste d'un accident provoqué par un sous-marin. Plusieurs vaisseaux croisaient dans la zone, théâtre de manœuvres militaires des pays de l'Otan. Mais l'enquête administrative du BEA Mer avait conclu, fin 2006, à l'accident consécutif à un phénomène d'ensouillage : un enfouissement du chalut dans le sable suivi de l'embarquement d'eau sur la plage arrière et dans le poste d'équipage. Les familles avaient été indignées, dénonçant un «mensonge d'Etat». Finalement de nouvelles expertises ont relancé l'enquête vers la piste des sous-marins. Jusqu'à présent, trois vaisseaux concentraient les soupçons : un submersible néerlandais, un bâtiment américain et le Turbulent.

Source : Le Figaro le 30 juillet 2011

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